Poétique des profondeurs
Ode au vivant
Coule, Fleuve,
Reine des rondes,
tes remous pleuvent
les veines du monde.
Coule tes sanglots,
crache tes torrents,
tout ce qui chante
et rend vivant.
Ô Fleuve,
Mystère des ondes,
transmet ce message
aux deux Mondes.
Vertige d’envol
Obscurité
n’est qu’absence de lumière.
Peur de rencontrer
l’inconnu
au bout du tunnel.
L’enfer est né dans un cœur vide :
coupé de la douleur
tu t’empêchais de vivre.
La chasse à l’indicible
est ouverte.
Sentir les blessures
qu’on voudrait garder
sous verre.
Ça y’est…
Tu lâches, t’as les yeux humides.
Et ce foutu vertige
n’était qu’un saut face au vide.
À ceux avant nous
Du long silence des ancêtres
remontent les peines qui remuent
mais si l’histoire se répète
c’est que les plaies encore suent
Pour celui qui veut être
il n’est autre chemin :
entendre
ce qui a été tu
Bras morts
Le psychisme se désemmêle
d’esprit, de corps et de sang,
puis navigue de colline en plaine, comme s’écoule bassin versant.
Il existe des bras morts de l’âme
dans lesquels réinjecter du vivant
Novembre
Novembre s’achève et son déclin
comme un dimanche sonne la fin
Vite : dans les pulsions enfouir
ce que le corps n’a pu sentir
Avril
Avril, dernières neiges et premiers bains
La conscience réside à la jonction du néocortex et de l’archaïque,
quelque part entre les cimes des montagnes et la profondeur des océans,
là où la rivière limbique fait se rencontrer les indomptables sans se froisser
S’y laisser glisser… ?